L'un des sujets de confusion les plus fréquents pour les personnes qui apprennent l'EFT est de savoir si leur couple en est au stade 1 ou au stade 2. Il s'agit d'une distinction très importante, car le fait de savoir à quel stade nous nous trouvons orientera nos interventions en séance. Par exemple, si nous sommes au stade 1, lorsque nous découvrons l'émotion primaire, nous voulons aider les clients à la relier à leurs comportements réactifs/stratégies d'adaptation protectrices dans le cycle. Lorsque nous sommes au stade 2, nous voulons approfondir et élargir la conscience de la façon dont cette émotion est liée à la vision de soi et des autres, aux parties reniées de soi et aux besoins d'attachement. L'une des raisons pour lesquelles les thérapeutes ne savent pas exactement à quel stade ils se trouvent est la confusion qui règne autour de la notion de désescalade. Nous ne passons pas au stade 2 tant que les couples n'ont pas montré des signes de désescalade.
Quels sont les marqueurs de la désescalade ? Lorrie Brubacher, formatrice EFT du Carolina Centre for EFT, a décrit 12 marqueurs de désescalade qui sont condensés ci-dessous en 9 marqueurs :
1. Identifier et s'approprier sa position habituelle dans le cycle.
Les partenaires peuvent dire des choses comme: "Lorsque je me sens déconnecté.e de toi, je me mets en colère et je m'emporte".
2. Accéder aux émotions plus douces qui sous-tendent leur position et se les approprier.
Les partenaires peuvent dire des choses comme: "Lorsque je te sens éloigné.e de moi, je me dis que je ne compte pas pour toi et j'ai peur qu'un jour tu me quittes.”
3. Relier le comportement réactif d'un.e partenaire à ses propres émotions d'attachement et à son propre comportement réactif.
Les partenaires peuvent dire des choses comme: "Je comprends que tu t'éloignes de moi en réaction à tes émotions.”
4. Lier son propre comportement réactif aux émotions d'attachement d'un.e partenaire et à la réactivité de cette personne.
Les partenaires peuvent dire des choses comme: "Je comprends que lorsque je m'emporte, tu entends que tu échoues, et cela déclenche ta peur de ne jamais être assez bien pour moi. Je vois maintenant que tu fais face à ton anxiété en te renfermant sur toi-même.”
5. Le couple a une histoire cohérente du cycle en tant qu'ennemi commun.
6. Les partenaires se considèrent l'un.e l'autre comme plus craintif.ve.s que dangereux.ses et indifférent.e.s.
7. Les couples peuvent identifier la présence du cycle dans le présent.
8. Les couples peuvent interrompre le cycle d'une manière qui leur permet de le combattre ensemble.
9. Les partenaires peuvent accéder à des désirs de sécurité/connexion. Ils/elles sont toujours en colère et méfiant.e.s, mais pas aussi hostiles.
Il est important de noter l’AMPLEUR de ce qui doit se passer pour que les couples soient désescaladés et prêts à passer au stade 2. Selon certaines idées fausses, les couples sont désescaladés parce que :
Les couples se disputent moins à la maison.
Les couples sont moins réactifs en séance.
Les partenaires expriment des émotions primaires en séance.
Bien que ces derniers soient des éléments de la désescalade, aucun d'entre eux ne constitue à lui seul une indication suffisante de désescalade. Par exemple, les couples peuvent se disputer moins à la maison parce qu'ils s'évitent et non parce qu'ils se sentent plus en sécurité ensemble. L'expression d'une émotion primaire n'entraîne pas de désescalade tant que les partenaires n'ont pas pris conscience du lien entre les émotions d'attachement (ou émotions primaires) et la réactivité, tant chez eux que chez leur partenaire. Cela signifie que les partenaires peuvent exprimer leur tristesse et leur peur en séance, mais s'ils/elles ne sont pas conscient.e.s, à l'INTÉRIEUR D’EUX-MÊMES, de la manière dont ces sentiments douloureux conduisent aux stratégies de régulation qui effraient leur partenaire (et suscite les stratégies de leur partenaire qui en retour les effraie), ils/elles rentreront chez eux et reviendront directement dans le cycle.
Les marqueurs de désescalade sont un excellent guide pour le travail de stade 1. Ils peuvent donner aux thérapeutes une idée de ce à quoi devraient ressembler les tangos du stade 1, en particulier l'assemblage des affects (mouvement de tango 2) et les mises en actes (mouvement de tango 3). Souvent, au cours du stade 1, les apprenant.e.s de l'EFT essaient d'atteindre l'émotion primaire, mais lorsqu'ils/elles y parviennent, ils/elles ne sont pas sûr.e.s de ce qu'ils/elles doivent en faire. Les directives de désescalade indiquent qu'au stade 1, l'objectif est de relier l'émotion primaire aux émotions réactives et au comportement tout en utilisant un cadre d'attachement.
Il est très utile de savoir quoi faire de l'émotion primaire lorsqu'on y parvient, surtout au stade 1, lorsque le niveau de tolérance à la vulnérabilité est encore faible et que le lien entre les partenaires est encore fragile. En gardant à l'esprit les directives de désescalade, nous risquons moins de submerger les client.e.s au début de la thérapie. En reliant les émotions d'attachement aux émotions réactives et aux stratégies d'adaptation, nous organisons l'expérience des client.e.s et rendons sa vulnérabilité plus tolérable. Nous aidons les client.e.s à découvrir ce qui leur arrive lorsqu'ils/elles se sentent déconnecté.e de leur partenaire, afin qu'ils/elles puissent apprendre à le partager directement plutôt que de devenir réactif.v.e.s. Lorsque les marqueurs de désescalade ne sont pas suffisamment présents et que les thérapeutes passent au stade 2, cela conduit souvent à la réactivité, car c'est la désescalade qui fournit la sécurité nécessaire pour tolérer les interventions du stade 2.
Bien sûr, comme tout en TCÉ, l'évaluation et la réalisation de la désescalade ne sont pas des tâches aisées. Il peut être décourageant de constater que les marqueurs de désescalade sont présents une semaine, et semblent avoir disparu la semaine suivante. Sachez que c'est normal et que vous n'êtes pas seul.e! Le processus n'est pas toujours linéaire, et il peut nécessiter de nombreuses répétitions avant que les client.e.s ne prennent conscience de leur rôle dans le cycle et ne se l'approprient pleinement.
Lorsque la désescalade est présente, le sentiment de sécurité accru peut être ressenti dans la pièce: les partenaires commencent à voir le cycle comme le problème et l'autre comme une personne craintive plutôt que dangereuse ou indifférente. Mieux encore, les partenaires en viennent à comprendre que la peur qu'ils éprouvent tous.tes deux dans le cycle est due à l'importance qu'ils/elles ont l'un pour l'autre. Cela crée un cadre suffisamment sûr pour entamer la deuxième phase du travail, au cours de laquelle les partenaires sont invités à ressentir et à partager l'un.e avec l'autre leurs peurs et leurs besoins les plus profonds en matière d'attachement.
